lundi 31 mars 2014

L'ancien château d'Arnex sur Orbe

Le château d’Arnex sur Orbe, aujourd’hui disparu
L’ancien château d’Arnex n’existe plus ; il est tombé en ruines après le départ des Nobles d’Arnay vers Orbe ou Lausanne. Même ses murs ont disparu, les pierres ayant été peu à peu récupérées pour édifier de nouvelles constructions au village.
Cet ancien château se dressait sur Cheneaux, très proche de la maison de Jean-Louis Monnier, au sud du petit étang du moulin creusé beaucoup plus tard.


Le petit étang du moulin en mars 2014



Lieu-dit Le Château sur le plan de 1808



Prés du Château notés sur le plan de 1865

A part un nom sur le cadastre il ne reste vraiment rien de ce château.
L’endroit a été fort  modifié. Un petit étang a été creusé lors de l’édification du moulin.
En creusant les fondations de sa maison Jean-Louis Monnier a bien retrouvé quelques briques noircies.
Un arbre déraciné en 2007 a fait apparaitre un reste de mur et quelques tuiles sur la parcelle de Jean-Daniel Gauthey.



Sous la souche de l’arbre, quelques restes de mur (d’enceinte ?) et quelques tuiles

En 1554, lors du bornage des chemins d’Arnex on cite en page 12
Plus tirant toujours contre Orient à la distance Sus dite, ont planté nouvellement une boënne (borne) du côté du Vent au droit des murailles du prédit Château d’Arnex, appartenant es prédits Mayors de Romainmôtier, au pied d’un noyer qui reste du dit Château…


Dans cette description du bornage de 1554, on ne parle que de murailles du Château et non plus de maison.

Rappelons aussi que le moulin n’existe pas encore et il n’est donc pas mentionné.

Aspect des lieux en 2014


La petite butte qui doit cacher quelques restes de murs


La maison de Jean-Louis et Françoise Monnier occupe les lieux depuis 1995

Son grand-père Abram Monnier (1887-1942) avait acheté le moulin en mai 1918 à Gustave Monnier dit Caïn pour fr. 12'000.-



Restes de murs durant l'été 2022

La sécheresse de l'été 2022 fait apparaitre des traces de murs.
Reste d'un enclos ?





  • Photos drone Vincent Morel du 14 août 2022

mercredi 26 mars 2014

L'ancienne maladière du Chanay

L’ancienne maladière du Chanay

Le long de l’ancienne route allant de  Pompaples  à Croy, la forêt du Chanay abrite les ruines d’une ancienne maladière.
Rappelons que la forêt du Chanay touche les communes de Pompaples, La Sarraz et Croy et qu’au cours des siècles les limites de cette forêt sont l'objet de fréquents litiges entre les communes d’Arnex et de Croy.
En 1545 ce bois est abergé à la commune par Jérôme Manuel bailli de Romainmôtier.
Mais ce bois doit être utilisé pour son propre usage et ne doit pas être vendu.


Nous savons qu’en 1321, cette maladière qui portait le nom de Romans, a été un établissement fort disputé entre les moines de Romainmôtier et les seigneurs de la Sarraz.









Vue aérienne des lieux



Sur le cadastre d’Arnex de 1808





Ruines de l’ancienne maladière en 2007


  
Le champ et le gerdil de la maladière sont cités dans le transon de 1554,  le long du grand chemin tendant vers La Sarra.


Page 47 du transon de 1554




En août 1590,  la commune d'Arnex achète les terres faisant partie de l'ancienne maladière


Parchemin 29 des archives d’Arnex

Avec la transcription de Mme Amélie Isoz :

A tous soit notoire et manifeste que l’an mil cincq cents nonante et le cinquiesme jour du moys d’aoust aye esté aresté* en [fin de la ligne manquante] general a Romemostier que tout ce qu’estoit dependant de l’ancienne maladiere appartenant a toute la terre dudcit Romemostier se vendroit* au [fin de la ligne manquante] [mot illisible finissant par –rant]. Et la charge pour les vendre donnee a moy Jerosme Mayor, soubsigné. Parquoy en vertu de madite charge, apres* crieur publicq [fin de la ligne manquante, il manque donc peut-être un mot] requises. Estans lesdictz conseilliers et gouverneurs de ladicte terre de Romemostier assemblés de leur authorité a esté audict conseil gener[al ? ; fin de la ligne manquante] [mot illisible] cries et publications requises vendu, cedé, quicté et remis purement, perpetuellement et irrevocablement a la communaulté d’Arn[ex ? ; fin de la ligne manquante] honneste Amey Gaulthey, gouverneur d’icelle present* et acceptant et comme plus offrant et dernier encherisseur pour la dicte communaulté [fin de la ligne manquante] hoirs et successeurs quelconques. Assavoir le chesaulx de maison de ladicte ancienne maladiere ensemble toute la possession [mot illisible et fin de la ligne manquante] du grand chemin situé pres ledict chesaulx, touchant ledict chemin devers* bize. Le bois du Grand Chasney* appartenant ausdicts d’Arnex d’en* aultres* [fin de la ligne manquante] pretz*. Item ung morcel de prel sis en bas du champ de Jehan Lavenex jouxte certains buissons, d’orient la terre des Couldraz d’occid[ent] [fin de la ligne manquante, il manque donc peut-être un mot], le prel des Tachet devers bize et la terre dudict Lavenex devers* vent. Item une piece de terre situé en devers* vent du grand che[min ?] [fin de la ligne manquante] touchant a La Sarra avecq les arbres y existans touchant* plusieurs contors* de terres devers bize la terre dudict Lavenex certains buiss[ons ?] [fin de la ligne manquante] [deux mots illisibles] d’orient et le chemin publicq d’occident et vent avecq leurs fondz, fruictz, droictz, jouissances entres sorties et appartenances [mot illisible et fin de la ligne manquante] et a esté faicte la presente vendition. Pour le pris et somme ledict chesaulx de maison de trente* florins de principal et unze florins [fin de la ligne manquante, il manque donc peut-être un mot] quattre solz de vins*. La seconde piece vingt florins de principal et cincq florins de vins*. Et la derniere piece pour trente flor[ins] de principal et douze florins de vins*. Qu’est* en somme quattre vingtz florins de principal et vingt huict florins quattre solz de [fin de la ligne manquante] [deux mots illisibles] Mantes* sur lesdictes pieces ledict principal heu et recehu et employé* au proffit de ladicte terre dont contens* lesdictz d’Arnex [fin de la ligne manquante] [trois mots illisibles] par cestes. S’en estans par ce moyen devestus* et icelux dictz d’Arnex et les leurs en investissans perpetuellement [fin de la ligne manquante] ces presentes*. Avecq promesses en bonne foy et soubz l’obligation de tous les biens de ladicte terre presents et advenir quelconques [fin de la ligne manquante] choses par [mot illisible] cy dessus vendues ausdicts d’Arnex et aux leurs maintenir et guerentir envers et contre tous en tous jugementz et de [fin de la ligne manquante] reservé* droictz seigneuriaulx pour lesdictes pieces dehuz par lesdicts d’Arnex d’icy en avant supportables soubz restitucion de tous [fin de la ligne manquante] [mot illisible] et [mot illisible] a faulte de ce [mot illisible]. Renoncant pour ce a toutes choses a ce contrariantes, jurans aux* presentes* non jama[is ?] contrevenir. Donner* soubz le sçau du balliage dudict Romemostier et seignature de moydict notaire. Le cincquiesme de septembre l’an susdessus mi[l ?] cincq centz nonante, presents honneste Michel Combaz, bourgeois d’Orbe, Jaquenoz [ou Jaquemoz] Magninat de Vaullion et aultres tesmoins.

Signature : Jerosme Mayor







1900, une note de l’inspecteur forestier à l’archéologue cantonal

En décembre 1900, M.Maurice Moreillon, (1870-1945),  inspecteur forestier du VIIème arrondissement, signale l’emplacement de ces ruines à M. Naef archéologue cantonal par ces quelques lignes :



Orbe, le 3 décembre 1900

A l’archéologue cantonal à Lausanne


Monsieur,
Je connais au territoire d’Arnex, à droite de la route tendant de Croy à Pompaples, les ruines de l’ancienne maladière.
Tout à votre disposition pour vous monter ces ruines.
Avec l’expression de ma parfaite considération.
Moreillon
Membre correspondant



lundi 10 mars 2014

La Maison vaudoise de Vugelles-la-Mothe de 1919 à 1926





Une maison de Vugelles-la Mothe chargée d’histoire
A voir encore, si vous êtes de passage à Vugelles pour chercher les ruines du château ou la cascade du Fonteney !
Ce bâtiment construit en 1870 a abrité un pensionnat de jeunes filles, le pensionnat Steiner





Carte postale du  pensionnat Steiner postée en 1907

En 1919, la maison a été offerte par Mlle Steiner pour y créer la Maison vaudoise.

Petite histoire de la maison vaudoise de la Mothe
Un article Gazette de Lausanne du 31 mai 1918

Quelques mois plus tard, La Gazette de Lausanne du 24 octobre 1918 écrit :
La maison vaudoise
Un comité d’initiative s’est constitué pour créer une maison vaudoise pour jeunes filles retardées et anormales.
Un immeuble a été acquis à la Mothe près Vugelles. Le comité cherche les fonds pour l’achat du mobilier et pour faire diverses transformations et installations intérieurs.
Il a l’intention d’inaugure le 1er février prochain, mais pour cela il lui faut une vingtaine de mille francs. Il adresse donc un chaleureux appel à tous ceux qui se préoccupent d’une telle institution.
Les dons sont reçus par m. J. Delisle, pasteur à Echandens.
Pour des renseignements et demande d’admission de pensionnaires s’adresser à Mme Curchod-Secretan à Vevey.


Article repris de "Images et Evénements vaudois 1900-1945"

En 1921 le rapport annuel signale que  la Municipalité d’Arnex qui vient d’inaugurer un nouveau collège a cédé son ancien matériel scolaire à l’institution !
Durant les premières années, une quarantaine de jeunes filles occuperont la maison.


Carte postale de la Maison vaudoise La Mothe




En 1926 l’institution qui a besoin de plus de place quitte Vugelles-la Mothe pour s’établir dans la propriété de Mûriers à Grandson Cette nouvelle école est inaugurée le 9 octobre 1926.


Carte postale de la Maison vaudoise des Mûriers à Grandson

Fal du 11.10.1926
GRANDSON. — Une inauguration. —
(Corr. part.). Le nouveau home "les Mûriers » de la Maison vaudoise d'éducation pour jeunes filles retardées a été inauguré samedi en présence d'un très nombreux public. Dans la belle salle d'étude au rez- de-chaussée, toute pimpante dans sa décoration modeste, toute avenante par l'atmosphère chaude et sympathique qui y règne, M. le pasteur Charles Siordet, du comité a présidé le culte d'inauguration en rappelant à tous les devoirs de la charité envers les déshérités de ce monde. Quoique sollicités aujourd'hui de tous côtés, il recommande chaudement, cette œuvre à la bienveillance de tous cl le public, qui se faisait toujours plus nombreux, y aura certainement répondu. Cette cérémonie a été encadrée par des chants de l'assemblée comme, aussi des pensionnaires de la maison. Ces dernières ont fait tout particulièrement plaisir et leurs mélodies simples, avec paroles composées sous la circonstance, ont été au cœur des auditeurs qui l'on manifesté par leurs applaudissements. Dans un court historique, l'orateur rappelle ensuite les débuts modestes de la « Maison vaudoise » en février 1919, installée tout d'abord sur les bords de l'Arnon à la Mothe. Cette institution a vu son activité augmenter à tel point qu'un besoin impérieux de se mettre plus au large se faisait de plus en plus sentir. Installée dans la belle propriété des « Mûriers », l'œuvre groupe maintenant 45 jeunes filles, sous la direction entendue, ferme, mais pleine, de cœur, de Mlle Kernen entourée de collaboratrices qui se donnent entièrement à leur tâche point toujours facile. Eparpillé parmi les comptoirs garnis uniquement des produits de la maison le public a pu aisément se rendre compte qu'à côté de l'éducation intellectuelle et morale il s'y donnait aussi une instruction manuelle et ménagère très bien comprise. Des vieux métiers à tisser sortent des toiles de qualité, le surplus des vastes jardins cl des cultures se transforme en d'appétissantes conserves, des mains habiles confectionnent des objets utiles et des ouvrages de toutes sortes. La vente s'est continuée dimanche et nous espérons qu'elle, aura eu un plein succès.

Puis vers 1969, un nouveau déménagement conduira l’institution vers les bords du Léman. 
Une importante subvention de l’AI permet l’achat du château de Mémise à Lutry où l’institution travaille encore maintenant.


Copie d’écran du site de l’école de Mémise
PRESIDENTES ET PRESIDENTS DE L'ASSOCIATION
"Maison vaudoise d'éducation", La Mothe, Les Mûriers, Mémise
1980 - 1987  M. CURCHOD, Vevey
1971 - 1980  Mme CUENDET, Chardonne
1964 - 1971  M. RAPIN, Grandson
1960 - 1964  Mme FAVRE-GENIER, Peseux
1959 - 1960  Mme KLEIN, Grandson
1956 - 1959  Mme DUPLAIN, Grandson
1955 - 1956  Mme DU PASQUIER, Lausanne
1947 - 1955  Mme PORCHET, Lausanne
1935 - 1947  Mme DE BLONEY, Grandson
1928 - 1935  Mme BERGUER, Lausanne
1925 - 1928  Mme CHATELANAT, Veytaux
1919 - 1925  Mme Curchod, Vevey

PRESIDENTS DE LA FONDATION ECOLE DE MEMISE
2014 M. Mottu, Lutry
2011 (juillet) M. Guy-Philippe BOLAY, Lutry, Président ad intérim  
2004  - 2011 (juin)  M. ANDREANI, Ollon
1993 - 2004  M. AIASSA, Lausanne
1987 - 1993  M. CLAUDET, Lutry

DIRECTRICES ET DIRECTEURS DE L'ECOLE
Dès le 1er octobre 2013 : M. Michel WOZINSKI
2013 - 2013  M. CLERC (ad intérim, Mémise)
2004 - 2013  M. TACK (Mémise)
1984 - 2004  M. MEAN (Mémise)
1965 - 1984  M. EHINGER (Mûriers et Mémise)
1963 - 1965  M. AUBERSON (Mûriers)
1954 - 1963  Mlle ESTOPPEY (Mûriers)
1925 - 1954  Mlle KERNEN (Mûriers)
1924 - 1925  Mlle WENGER (La Mothe)
1919 - 1924  Mme DOLEYRES (La Mothe)


Mais revenons à La Mothe pour suivre l’histoire de cette maison après 1926.


Photo Schmidt No 45 (4/7/97) La Mothe

Michel Bonnefoy, Vugelles-La Mothe reconnait cette photo avec ce commentaire :
(«...il s'agit du pensionnat la Vaudoise dont la première mention sur les archives communales date de 1870 (...)
En 1925-1926 M. R. Lassueur, qui était le grand- père de M. Yves Lassueur, journaliste, acquiert la propriété.
Dans les années 1970-1975, des promoteurs (la vendent) à Jean-Michel Cravanzola (...) l'appellation change pour devenir La Source.

Dans un des épisodes de la saga de Jean-Michel Cravanzola,  la Feuille d’avis de Lausanne du 9.12.1977 note ceci :
  Si les 120 000 circulaires portent leurs fruits — mais cela est douteux maintenant — Jean-Michel rachètera probablement la totalité des actions (on parle d'un million 600 000 francs) de la société anonyme Le Château de Corcelles, dont l'administrateur est M. Jean-Pierre Chatagny, de Fribourg. Cette société ne se trouverait pas dans une situation financière florissante. C'est pourquoi l'achat par Jean-Michel et son équipe de son capital- actions constituerait une aubaine. Mais il faut agir vite... D'où, bien sûr, la nécessité pour Jean-Michel que les gens versent « 500, 1000 ou 2000 francs (et plus encore si c'est possible) pour que nous puissions faire face à la situation CETTE SEMAINE», comme il l'écrit dans ses fameuses lettres. Pour l'évangélisation de l'Europe ? Non, pour acheter le Château de Corcelles. Et pendant ce temps, à Vugelles - la - Mothe (près d'Yverdon) où Jean-Michel a acheté, une maison en février dernier, la commune attend toujours le paiement des droits de mutation, quelque 5000 francs. « On a patienté, on a écrit, ils nous ont promis de payer, mais rien n'est venu », déclare le syndic de Vugelles. Il y a un mois, la commune a mis Jean-Michel aux poursuites. Après lui avoir infligé une amende de 1000 francs pour avoir procédé à des transformations sans les mettre à l'enquête auparavant. Une pratique coutumière, paraît-il. De son côté, une entreprise de meubles, qui a livré des chaises pour le Château d'Hermenches, attend elle aussi que Jean-Michel lui paie un solde de 6000 francs environ. Et pendant ce temps, bien sûr, « n'oubliez pas, dit la lettre, qu'Esther et moi, nous prions pour votre foyer chaque jour ».
Francine Brunschwig

Quelques années plus tard, c’était le 15 août 2001, la Régie Piguet met le bâtiment en vente pour une somme de fr 1'390'000.-
 

Mise en vente de l’ancienne maison vaudoise en août 2001

Actuellement des appartements ont remplacé les demoiselles du Pensionnat Steiner, les jeunes filles de la maison vaudoise, la famille Lassueur et les disciples de Jean-Michel Cravanzola.
Là aussi, si les murs de cette maison avaient des oreilles et pouvaient raconter leur histoire, ils en auraient de choses à dire !

Et les Mûriers à Grandson ?
Abandonnés par l’institution en 1969, la maison a déjà été occupée par de nombreux acquéreurs pour devenir atelier d’horlogerie, puis l’Espace de formation Sbarro.
Mais si le nom de Sbarro figure encore sur le bâtiment, le registre foncier révèle le nom d’un nouveau propriétaire.






La maison des Mûriers en mars 2014